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Une auto-hypnose comme une histoire zen
Il y a quelques jours de cela, un patient me raconta sa journée qui avait été une vraie torture. Se sentant toujours aussi mal en début de soirée et sans perspective à sa portée, il se décida. Il s'installa dans le fauteuil de son bureau (car toujours sur son lieu de travail) et, sans autre forme de préparation, il ferma les yeux "en soufflant un bon coup". Il mis alors toute son attention, -comme je lui avait proposé une fois d'en faire l'exercice et l'expérience-, sur son mal être, à laisser à celui-ci prendre sa place.
Tout y passait sans vraiment pouvoir faire des distinctions entre images et sensations mais tout en attendant sans rien attendre de particulier. Les images se firent alors plus nettes et finalement, correspondantes pour chacune à une personne son proche entourage... jusqu'à sa femme...Il sursauta et sortit de son état de transe avec cette évidence: il avait oublier de commander le dîner dont sa femme lui avait demandé de s'occuper.
Il passa à l'action dans la foulée.
Cela me fit penser à cette historiette zen dans laquelle le disciple va questionner le maître, en substance :
-"Maître, que dois-je faire pour atteindre la Satori? ",
-"As-tu déjeuné?"
-"Oui, j'ai déjeuné Maître" répondit le disciple un peu surpris,
-"Alors...Va laver ton bol!".
Voilà une anecdote, une métaphore même de la coupure, de la coupure avec la pensée, avec l'émotionnel. Dans le cas de ce patient, laisser sa place à l'angoisse en l'habitant lui permis de ne plus la combattre et de ne plus l'isoler (Roustang nous dit que le patient souffre "d'isolation"), de la remettre en mouvement au sein de la totalité de son être (attention-focalisation-attente vidée). De là la description qu'il donne de cette visite à ses proches jusqu'au visage de sa compagne, en état "de veille généralisée" un peu comme une remise en connexion avec son tissu relationnel, l'a reconduit à l'action par le dévoilement de ce qui avait été oublié et recouvert par les affects multiples lui faisant perdre ses possibilités d'apercevoir autre chose que son brouillard morbide et angoissant.